La biche endormie

Le début d'une histoire, "La biche endormie", qui est prête à partir à la recherche d'une jolie maison d'édition.

Dans un tout petit bois, pas plus grand qu’un chez soi,

tout au fond, sous la lune pleine comme un ventre rond,

il y a une petite biche endormie.

Elle est là, depuis combien de temps déjà ?

Sur un tas de feuilles rangées comme un lit bien fait,

elle dort à poings fermés.

Personne n’ose faire de bruit.

Les arbres penchés la couvrent de chuchotis

mais la petite biche n’est pas dérangée, juste bercée.

On l’entend ronfler doucement,

comme une chanson d’enfant, en ré, en mi.

De l’autre côté du bois, il faut compter dix arbres et tourner trois fois :

Là, une petite maison abrite un chasseur.

Ça fume par la cheminée, il s’en échappe une bonne odeur de café.

Fanette devine que son père est prêt. Son fusil à l’épaule il s’en va chasser.

Derrière les volets clos, la fille du chasseur écoute.

Elle tend l’oreille pour en être bien sûre :

mais oui, la chanson de la biche endormie, elle l’entend encore !

A cette heure, son père s’enfonce dans le bois, et s’il l’aperçoit…

Les mains en porte-voix, Fanette  la prévient :

« Petite biche, réveille-toi, ou le chasseur te tuera ! ».

Mais la petite voix murmure, et se cogne contre le mur.

La biche endormie court un grand danger, Fanette doit la réveiller.

Alors, Fanette oublie l’interdiction de son père, et aussi la peur.

Après lui, elle s’en va sur la pointe des pieds.

Elle emporte de quoi faire du bruit : deux casseroles et son bâton de pluie.

(...)