Il
était un pays calme sans un nuage à l’horizon.
Une
colline était plantée là,
haut,
très haut monticule de poussières
à
la tombée du ciel.
Si
bien que les jours étaient sombres et les nuits claires.
Il
y faisait toujours un temps neuf,
sans
lune ni soleil,
bleu
marine entre nuit et jour.
Des
logis avaient éclos au fil des ans
et
de tout en bas sillonnait un chemin dessiné
entre chaque
petite maison habitée.
Dans la première, très pointue, un
dormeur ronflait la nuit,
se levait à l’aurore et sommeillait tout
le reste du jour.
Dans la deuxième, un peu étriquée,
une vieille attendait la fin de la
journée dans un silence immobile.
Au numéro 3,
quelqu’un avait rendez-vous pour prendre le thé,
chaque fois à la même heure.
Il y avait aux quatre coins d’une
quatrième, toute carrée,
une dame qui tricotait au point du jour.
D’autres encore s’imbriquaient comme des
petits cubes, faute de place.
La
plus petite, quant à elle,
avait
un toit pour abriter tout juste un petit roi.
On
devinait qu’il était roi grâce
à
sa couronne blanche comme de l’or.
C’est
bien là tout ce qu’il possédait.
Mais
il ne s’ennuyait jamais,
car
il passait tout son temps à l’admirer.
Le
monde qui habitait la bosse avait la tête dans les étoiles,
et
dressé sur la pointe des pieds, le ciel au bout des doigts.
Les
uns serrés contre les autres, même un peu trop à l’étroit, ils étaient
heureux
comme ça.
Chacun
vaquait à ses choses.
Pas
un mot plus haut que l’autre ne venait troubler cet air tranquille.
La
vie avait beau s’étaler de tout son long, il ne se passait rien.
Presque
jamais rien.
Un
jour,
un jour tout bleu, bleu comme les rêves tombés du lit, le sol cloqua, et d’un
seul coup, une colline poussa, plus haute que la première.
La
nouvelle bosse s’élevait jusqu’au bout du ciel.
Un
à un, les gens de la petite bosse sortirent de chez eux et levèrent le nez.
« Oh, ciel ! »
(...)